À l’heure où tout le monde parle de tourisme responsable, équitable, participatif, durable et humain, la question du rapport à l’autre est devenue essentielle. On ne se contente pas de regarder, on veut agir, partager, aider.
Quand nous arrivons dans un pays plus pauvre, la misère peut être difficilement acceptable. Nous avons vécu un choc en arrivant au Népal, et c’est le cas de beaucoup de touristes. On s’est retrouvé confronté à de nombreux lépreux et des enfants amaigris et drogués en arrivant à Katmandou, la capitale.
Dans cette situation, on se sent privilégié, coupable de « richesse », on aimerait pouvoir faire quelque chose, on se pose des dizaines de questions… Dans cet article nous allons parler plus spécifiquement de la mendicité des enfants népalais.
Comment les aider ? Combien leurs donner ? Que puis-je apporter pour résoudre ce problème ? Qu’offrir aux enfants mendiants ?
Depuis le début de notre voyage en Asie, nous avons très souvent été confronté à des enfants nous demandant de l’argent, à manger ou des cadeaux. Au Népal ou ailleurs, notre sentiment reste le même : on culpabilise. Comment résister à ces petits yeux tout mouillés, ces petites mains pleines de terre, ces haillons déchirés et ces petites voix vous disant qu’elles ont faim? Si on ne donne rien, on se sent honteux, voir inhumains.
Aussi, de nombreux voyageurs prévoient le coup et donnent de l’argent ou amènent des sacs remplis de crayons, bonbons, vêtements, ballons, médicaments, cahier… Tout ça part d’une bonne intention, d’une envie humaniste d’aider son prochain.
Seulement, nous ne voyons pas forcement toutes les facettes du problème. On donne sans se poser de questions, ayant l’impression d’apporter un peu de bonheur à ces enfants miséreux.
Or, d’après le gouvernement du Népal, donner aux enfants démunis n’améliore pas les choses, ça serait même le contraire. L’Etat népalais a commencé une campagne pour sensibiliser le touriste et lui montrer une autre vision du problème. Voici un exemple de flyer mis en place et distribué dans les coins touristiques. On vous l’a traduit en français, mais vous pouvez voir la version originale en cliquant ici.
Voici quelques questions/réponses sur la situation de la mendicité népalaise infantile.
- « Beaucoup d’enfants me demandent de l’argent pour manger, me disant qu’ils n’ont pas assez de sous pour aller à l’école… »
- L‘école au Népal est gratuite de 2 à 15 ans. Elle offre aussi gratuitement des repas le midi pour les plus démunis. Parfois il faut acheter des uniformes pour aller en cours mais des associations aident pour cette problématique.
- « C’est quand même bizarre votre histoire. L’école est gratuite et on leur donne à manger alors pourquoi ils restent dans la rue ? »
- Comme la plupart des enfants du monde, les petits népalais ne trouvent pas ça très drôle d’aller à l’école. Si ils ont le choix entre passer une journée dans la rue où des touristes leur donnent de l’argent, des cadeaux et à manger contre quelques sourires ou passer une journée à l’école, beaucoup d’enfants préféreront recevoir des cadeaux et de l’argent !
- « Oui mais ils ont l’air d’avoir faim quand même ! Je peux leur donner quelque chose à manger, ça ne peut que les aider ? »
- Si l’enfant a vraiment faim il sera en effet content de se mettre quelque chose sous la dent, le problème est réglé à court terme mais empire les choses pour son futur comme expliqué dans la campagne népalaise contre la mendicité infantile. La plupart des choses que vous pourrez lui donner seront revendues quand c’est possible. La grosse majorité des enfants mendiants dans les villes touristiques gagnent mieux leurs vies que des adultes qui travaillent.
- « Et quelles sont les conditions de vie des enfants qui vivent dans la rue ? »
- 95% des enfants qui vivent dans la rue se droguent (le plus souvent en sniffant de la glue ce qui les rend malades par la suite). Plus de 25% sont accros aux drogues dures et se transmettent des maladies en utilisant les même seringues (SIDA, Hepatites…). 80% des enfants népalais connaissent des problèmes de violences, de viols et de racket. Plus de la moitié ont des soucis avec la police (abus, violence, vol, insulte, humiliation). Certains sont enrolés dans des circuits de mendicité organisée. Les enfants sont exploités par des adultes, parfois enlevés, violentés et blessés pour devenir handicapés et gagner plus d’argent. Les enfants ne peuvent alors rien garder et revendent systèmatiquement les cadeaux contre de l’argent. Vous pourrez souvent apercevoir des adultes surveiller les enfants mendiants au loin pour vérifier qu’ils font du bon « travail ».
- « Mais dans les zones rurales ou pendant les treks, je peux donner des cadeaux à un enfant qui me le demande non ? »
- Plus on donne d’argent et de cadeaux aux enfants qui mendient, plus les autres enfants seront tentés de faire de même. Chaque fois que l’on donne, on participe à augmenter la mendicité du pays, en ville comme à la campagne. Offrir des bonbons ou des friandises peut vite être problématique quand on sait que l’accès aux soins dentaires est très compliqué et coûteux au Népal. Les médicaments peuvent aussi être dangereux car ils sont mal utilisés et posent des problèmes de santé.
Alors que faire pour aider ces enfants ?
Vous voulez donner de l’argent ou des cadeaux ? Déjà, achetez localement pour faire marcher l’économie du pays et puis offrez tout ça à des associations qui agissent sur le terrain. Non seulement elles savent ce qu’elles font mais en plus ça donne de l’emploi aux locaux.
Les plus connues sont Voice of Children, Just One et Save the Children qui aident les enfants dans la rue ainsi que les familles démunies, BVS Nepal qui aide les victimes de brûlures, Prisonners Assistance Nepal qui s’occupe des enfants dont les parents sont en prison ou encore Fresh Nepal qui aide les enfants à retourner à l’école et à se réintégrer dans la société.
Par défaut, vous pouvez aussi donner à des écoles, des bibliothèques ou des monastères.
Si vous avez des compétences particulières en éducation, animation ou santé, vous pouvez aussi devenir bénévoles pour une des nombreuses associations sur place.
Certains vont faire des présents aux familles rencontrées sur la route, si elle les ont aidé, hébergé, ou apporté quelque chose… Quand un vrai échange s’est mis en place.
N’hésitez pas à en parler aux touristes autour de vous. Le changement passe par l’information ! Ce sont les voyageurs qui sont responsables de l’explosion de la mendicité infantile. Le futur est l’éducation des petits népalais sont aussi entre nos mains.
Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi partager avec nous des informations pertinentes sur le sujet ou des expériences de vie pour enrichir l’article.
NB : On a parlé ici du cas spécifique du Népal, mais la situation est identique dans la plupart des pays pauvres que nous avons visités. Selon les pays des données peuvent changer la façon de voir la problématique (gratuité de l’école, association présente, situation politique et économique).
Quelques sources pour aller plus loin :
Un article de Slate.fr qui parle du problème de la mendicité infantile dans le monde
Un article sur l’exploitation des enfants en Asie
Une vidéo en français qui explique très rapidement la situation
Un article en anglais sur National Geographic
Un article en anglais sur Tripadvisor
Un article en anglais d’Oh my News sur le SIDA, la drogue et les enfants de rue
Super article, qui apporte une nouvelle vision du problème. Merci !
Merci !
Merci pour cet article utile et informatifs! Je partage…
Merci !
Super article !! on m’a toujours dit de ne pas donner de bonbons ou de choses sucrés car après bonjour les caries et bien sur pas de dentiste !!
Je vous suis depuis vos débuts en Australie et vous m’avez inspiré, j’y suis allée et ça a changé ma vie ! Merci
Ah l’Australie ! On y serait bien resté un peu plus longtemps
Bonjour Seth et Lise.
Je suis depuis un moment vos « aventures » et
aujourd’hui je me suis décidé à vous apporter un témoignage.
Je ne partage pas toujours vos opinions sur ce que vous découvrez. Je ne suis pas (plus) un adepte de l’absence de confort lors d’un périple lointain (la clim, le wifi, un bon lit et une douche chaude sont mes critères à minima).
Mais il y a plusieurs points communs que nous partageons et c’est là le plus intéressant.
Je suis lillois.
Je ne me sens plus à l’aise dans mon pays, je me sentais devenu étranger.
Les râleurs, déprimés et autres insatisfaits permanents m’insupportent. La société d’assistés, d’insécurité grandissante, de discours stériles depuis 20 ans sur l’urgence de changer nos règles du vivre ensemble, ne sont plus mon idéal de vie.
J’ai tenté de m’engager par des prises de responsabilités pour influer sur la société (politiques, associatives, entrepreneuriales) avec trop peu de succès. Comme dans beaucoup de « bonnes familles » du nord, mon éducation judéo-chrétienne et mes origines familiales auraient dû me préserver d’une trop forte sensibilité à la recherche du bien être.
Mais, en 2013 (à 53 ans), tous mes filtres ont cessé d’être actifs. Je me suis dit alors que mon avenir était en dehors de mon pays. Constat qui séduit, malheureusement pour la France, une proportion grandissante chez les jeunes diplômés, dont vous faites peut être partie.
J’ai donc décidé de partir et de me donner les moyens de vivre des instants de bonheur lorsqu’ils se présenteront à moi. Et que j’aurais plaisir à les partager avec d’autres peuples.
J’ai mis presque un an à préparer cette quête . Mon choix géographique s’est arrêté sur une région du monde: l’Asie du sud-est. Peut-être par ce que j’y avais déjà ressenti ces notions de tolérance et d’acceptation des différences lors de voyages précédents.
Je me suis donné maxi 2 ans pour trouver le pays où je vivrai.
En ce moment je suis au Cambodge. J’ai vécu quelques périodes comme expatrié en Malaisie, en Thaïlande, et au Vietnam. J’ai souhaité découvrir les Philippines, Singapour et Macao. Il me reste le Laos et la Birmanie à appréhender. Ensuite je prendrais ma décision.
C’est là où l’intérêt de votre blog intervient. Vous y présenter vos propres découvertes et vos voyages sont riches d’enseignements.
Peut être que nous pourrons partager un peu plus au hasard d’une rencontre future dans la capitale chtimi?
Merci de vos récits.
Je vous souhaite une bonne route.
Bonjour Pat,
Merci pour votre message. On espère que vous trouverez le pays qui vous donnera envie d’y poser vos valises. De notre côté, on a beaucoup aimé le Laos qui offre beaucoup de possibilités.
Nous n’avons aujourd’hui plus aucun pied à terre à Lille donc quand nous sommes en transit en France, nous sommes plutôt en région parisienne ou dans le Sud pour voir nos familles.
Nous sommes actuellement au Canada pour une durée indéterminée, donc organiser une rencontre chtimi semble compliqué.
Quoi qu’il arrive, bon courage dans votre projet !
Bonjour ! Voilà un article que j’aurais rêvé de lire il y a quelques mois, en atterrissant à Kathmandu ! Nous avons passé plusieurs mois au Népal et en Inde, donc avons eu le temps d’être confrontés au drame de la mendicité infantile – entre autres (sans jamais tomber sur les flyers du gouvernement) … et de tester différentes attitudes. Donner de l’argent, c’était hors de question, par conviction et parce qu’on nous avait prévenu du trafic que cela engendrait. Nous avons donc choisi d’abord d’offrir à boire (une bouteille d’eau) ou à manger (des biscuits locaux ou des fruits) aux mendiants. Alors que ce fonctionnement convenait tout à fait en Asie du Sud-Est, nous avons été surpris de la réaction des personnes mendiant au Népal : on était pas loin de se prendre nos bananes et nos biscuits en pleine figure ! Alors même si c’est atrocement difficile, même si on culpabilise, on a finit par refuser de donner. Par contre, nous mettons un point d’honneur à rester respectueux, à ne pas ignorer leurs sollicitations mais plutôt à leur répondre poliment en assumant notre décision.
C’est vrai que les flyers ne se trouvent pas partout. Néamoins certains panneaux à l’entrée de Trek connue véhiculent aujourd’hui le même message ! C’est vrai que la mendicité au Népal est un peu particulière. Nous avons aussi vécu des réactions différentes dans le reste de l’Asie du Sud Est. Au Cambodge par exemple, la plupart des enfants mendiants que nous avons pu voir étaient surveillés par des adultes et faisait partie d’un trafic, même un sourire leurs faisait plaisir. Alors qu’au Népal on a assisté à des scène surréalistes, où des enfants donnaient la bouffe offerte par les touristes aux chiens errants alors qu’ils venaient mendier en disant qu’ils avaient faim.
Merci pour le partage de votre expérience !
Merci pour ce partage . Le Nepal a bien changé malheureusement . Je l’ai connu à une époque où les bus de touristes n’existaient pas , où il y régnait un profond mysticisme .
Tout au long de ce blog , j’ai eu l’impression que vous restiez complètement à l’extérieur des gens , de la population et surtout de son histoire . Votre démarche est exclusivement touristique : photos , paysages . C’est un peu dommage .
Salut,
Nous sommes désolés pour vous si le Népal ne semble plus correspondre à vos souvenirs. Les temps changent, les peuples évoluent et s’adaptent. Le Népal est-il condamné à rester comme il était il y a 20 ans pour le plaisir de quelques touristes qui se croient aventuriers simplement parce qu’il n’y a pas de bus?
Nous sommes curieux de lire le récit de votre voyage au Népal et surtout de voir la comparaison que vous pouvez faire avec le Népal de « maintenant ».
Aussi, avant de nous juger trop rapidement sur les quelques articles que vous avez dû lire, nous vous invitons à consulter nos 718 articles qui retracent les histoires que nous avons vécu dans plusieurs pays depuis 2008. Nous vivons souvent plusieurs mois dans ces pays, en y travaillant, en s’y faisant des amis, en s’imprégnant de la culture.
Si vous aviez vraiment lu rien que nos articles sur notre séjour au Népal vous auriez pu vous rendre compte que nous avons échangé avec toutes les personnes qui apparaissent en photo. Nous avons montré à chacune la photo d’eux que nous venions de prendre et avons partagé un moment et échangé des sourires puisque la barrière du langage nous empêchait bien souvent d’aller plus loin. Contrairement à ce que vous avez perçu, nous avons bien souvent privilégié les petites guesthouses et petits restaurants chez l’habitant aux hôtels haut de gamme et aux restaurants qui servent de la nourriture occidentale. Peut-être que si nous étions restés chez nous à regarder un reportage sur le Népal nous aurions été effectivement « à l’extérieur des gens ».
Nous n’avons jamais prétendu être des voyageurs qui recherchaient exclusivement du mystique ou qui cherchaient à tous prix à découvrir des choses hors des sentiers battus. Nous faisons de notre mieux et essayons juste de partager notre ressenti… Nous ne prétendons pas être une encyclopédie sur chaque pays que nous visitons. Parfois nous rencontrons des locaux, parfois nous allons découvrir des lieux touristiques, parfois faisons des road-trips et nous arrêtons où bon nous semble. On suit nos envies, chacun vit une expérience différente, c’est ça aussi la beauté du voyage
Merci pour l’information que je vais partager.
Merci !
je chercher à contacter BVF pour leur dire que je suis guérisseuse et que si je peux aider les grands brulés à distance et pour se faire j ai besoin de votre accord. Merci de prendre contact avec moi par mail et si besoin je vous communiquerai mon téléphone.
Bonjour, nous ne sommes pas directement impliqués avec cette association. Vous trouverez un moyen de les contacter sur leur site : http://www.bvsnepal.org.np/contact_us.html
Merci pour cet éclairage.
Encore un article qui me replonge dans les rues de Kathmandu (z’avez fini oui ?! ).
Ces enfants, je les ai croisés aussi : des snifeurs de colle, des mendiants, des souriants, des lépreux, des écoliers … à l’époque, je n’avais qu’une envie : vider mon compte en banque et balancer mes billets à tout va pour pouvoir soulager leur misère (aaah, cette foutue culpabilité !) ! Mais je n’en ai rien fait, j’ai juste partagé un repas avec un petit garçon, un soir, des momos pour moi (que j’ai proposé de partager, mais il a refusé), du riz pour lui … il a mangé en silence, n’osant me regarder, avalant goulument ses cuillerées et est parti, tout simplement en me remerciant … j’ai juste proposé un pain tibétain à une petite qui insistait pour avoir de l’argent et qui a finalement accepté mon pain (moins intéressant que des roupies, m’enfin, elle l’a quand même croqué ce pain !) … j’ai juste été immergée dans la vie d’une famille népalaise, dont le père faisait vivre à bout de bras un orphelinat (bénévolat power) et que j’ai remerciée avec quelques roupies (qui sont directement allées dans « les poches » de l’orphelinat : vêtements pour les enfants, nourriture, fournitures, payer -un peu- les 2 népalais s’occupant 24/24 des enfants) … pas grand chose tout ça, juste pour éviter de contribuer à cette exploitation des enfants et leur mendicité !
Voilà, juste un petit bout de mon expérience ! Et juste un merci pour cet article assez juste à mes yeux (ça vous fait une belle jambe hein !), pour ces informations que vous faites passer à travers votre blog ^^ ! A chacun de les recevoir comme il est
Merci de partager cette expérience avec nous ! C’est toujours intéressant de voir comment d’autre voyageurs ayant vécu la même situation ont ressenti les choses. On a essayé d’être le plus neutre possible dans cet article. Il ne s’agissait pas d’accuser les voyageurs mais plutôt d’informer d’une autre vision de la réalité.
Merci pour cet article. J’aurais aimé le lire plus tôt, quand nous cherchions des associations dignes de ce nom au Népal… Mon article avait été écrit sous le coup de la colère : https://allonsvoir.wordpress.com/2014/10/30/all-about-the-money/ mais l’idée qui sous-tend est la même. A partager et à diffuser ! Bonne route à vous, Gaelle.
Vous avez écrit un très bel article ! Il est assez complémentaire et on espère qu’il aidera certaines personnes à comprendre la réalité du voyage dans les pays plus pauvres.